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Monsieur Salvador, pourquoi craindre une approche médicale des troubles psychologiques (votre courrier des lecteurs dans Le Quotidien du 4 mai) ? Le fonctionnement de
la «Psychée» est un fonctionnement
cérébral, donc biologique
puisque le cerveau est un
organe biologique. On ne peut faire de
la psychologie hors cerveau comme
on fait de l'administration hors sol. Il faut garder les pieds sur terre. Et, comme le cerveau peut être atteint de «dysfonctionnements », il n'est pas étrange que l'on appelle la médecine à son chevet, quand celle-ci a des connaissances sur le sujet, cela va de soi.
Or les neurosciences
progressent. En cela elles suivent l'exhortation socratique du « connais-toi toi-même » et l'on ne peut plus prétendre connaître l'esprit humain sans connaître le cerveau humain. Donc, il n'y
a pas de raison pragmatique
à refuser le secours de la
médecine dans les difficultés d'apprentissage scolaire. Tous les échecs scolaires n'ont pas d'explications biologiques connues, c'est certain, mais on aurait tort de ne pas les chercher, systématiquement.
Le
Défenseur des Droits, dans son
dernier rapport, dénonce à juste
titre le refus de chercher et de partager les diagnostics médicaux des handicaps de certains enfants, refus qui les rend «invisibles» et
empêche leur inclusion scolaire.
Il est souvent trop facile de considérer les enfants inadaptés à l'enseignement comme seulement des
cas sociaux qui relèverait de l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE). Le Défenseur des Droits dénonce aussi cette trop fréquente fausse route, grande cause d'échec d'inclusion. Cette démarche pragmatique a par
ailleurs l'extrême avantage de définir une cause objective, quand elle la trouve, et de soulager les
enfants et leurs familles du poids de la culpabilité.
Je vous propose un cas d'école: l'alcoolisation foetale. (On pourrait évoquer d'autres agents tératogènes
que l'alcool: certains virus, le
valproate, les pesticides et d'autres
connus ou inconnus, mals que
l'on peut prévoir, tant le développement cérébral du foetus est fragile.) Les enfants atteints de troubles causés par l'alcoolisation foetale (TCAF) peuvent présenter des signes très variables: déficit de la mémoire de travail, déficit des fonctions exécutives, déficit de l'empathie, intolérance au bruit, hyperactivité-inattention, autisme et, puisque vous évoquez les « dys », dyscalculie, dyslexie, dysgraphie, dysphasie... Chaque « domaine fonctionnel» doit s être considéré, mesuré et pris en charge, précocement, car de ces atteintes
primaires découleront des troubles secondaires: échec scolaire, exclusion
sociale, délinquance, clochardisation... Or, très souvent, la pathologie des TCAF, car c'en est une, a été invisible de la maternelle au collège. L'incidence du syndrome d'alcoolisation foetale est au minimum de 1% des naissances, mais sans doute beaucoup plus puisqu'un tiers voire la moitié des femmes enceintes boivent de l'alcool pendant leur
grossesse. LesTCAF sont donc une
part non négligeable des échecs
scolaires. Il faut donc les
chercher, comme il faut chercher toutes les causes médicales, innées et acquises ; c'est la seule façon rationnelle de connaître la partie médicale des causes des échecs scolaires.
Alain Fourmaintraux
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