vendredi 13 mai 2016

Amour et sexualité (ma réponse à Yves Ferroul)

Il est compréhensible que l’auteur d’une conférence puisse être frustré en constatant de quelle manière ce qu’il cherchait à communiquer a été entendu. Mais s’il trouve là motif à faire des procès d’intention, c’est qu’il verse lui-même dans l’excès d’interprétation qu’il reproche à son supposé contempteur. Sous ce rapport le titre de votre billet du 26/4 (calomniez, calomniez, etc.), tel un lapsus, traduit parfaitement son contenu : vous portez de vaines accusations, je m’en vais le montrer tout à l’heure en supposant avec Héraclite que si « le combat est père et roi de tout » alors la polémique aura peut-être du bon pour le lecteur, qu’il s’agirait de ne pas ennuyer avec une dispute stérile.

Tout d’abord vous me reprochez d’avoir tu le titre de votre conférence. Avais-je obligation de le citer ? Votre diaporama n’affichait-il pas lui aussi le titre de votre livre, que je mentionne ? Pourquoi aurais-je caché ce titre ? Afin de vous reprocher ensuite de parler de sexualité conjugale ? Vous vous égarez : je ne vous ai rien reproché, notamment au sujet de l’idée que la durée du couple moderne tiendrait essentiellement à la sexualité car c’est une hypothèse à tout le moins plausible et donc légitime. Simplement je la crois fausse, donc je la discute et quoi de plus normal ? Cela ne m’a pas empêché de saluer votre tableau de la sexualité conjugale actuelle comme tout à fait juste. Que je puisse nourrir des inquiétudes à l’égard de l’hypersexualisation de la femme et d’une pornographie prise en modèle par la jeunesse, c’est mon droit le plus entier et affirmer, comme vous le faites, que je suis un père-la-morale parce que je cite Brassens dans le texte constitue un excès qui vous discrédite. 

Comme je l’ai indiqué, ce qui m’a paru discutable et qui a été amplement discuté par la salle, c’est le fait que vous ne parliez pas d’amour, ou si peu, alors que, vous en conviendrez, votre conférence annonçait une réflexion sur le mariage d’amour. Pour autant, je ne vous ai pas reproché de ne pas avoir traité votre sujet car la science y a fait peu de lumière. Je me suis seulement étonné du fait que vous teniez comme un fait de société prêtant peu ou pas à discussion votre thèse selon laquelle « fonder les mariages sur l’Amour donne une place exorbitante à la sexualité dans la réussite du couple. »  D’aucuns, dont je suis, trouvent là matière à s’alarmer et à débattre, ne vous en déplaise.

Pour le reste, si vous trouvez dans mon texte l’idée que vous légitimeriez la montée des violences conjugales, que puis-je dire ? Les bras m’en tombent ! Peut-être conviendrait-il de questionner votre narcissisme ? Vous êtes probablement frustré, je le conçois, vous vous pensez victime de reproches immérités, cela s’entend, mais rien ne peut justifier l’agressivité d’une réponse où vous m’accusez à tort de vous calomnier, de vous insulter, de vous faire je-ne-sais-quels reproches, de vous faire la leçon, etc. sans parler de tout ce que vous m’attribuez gratuitement (« aveuglé par ses préjugés », « sans vergogne », moralisateur, « pas à l’aise dans sa sexualité » ;-)). Quant aux épithètes grotesque, odieux, comique, je me demande à quel billet ils s’appliquent le mieux ?

C’est peu de dire que je regrette cette dispute que je crois sans fondement et tellement étrangère à la pratique scientifique où c’est d’idées et de faits que l’on discute, sans viser les personnes. Sachez quoi qu’il en soit que j’ai apprécié votre conférence et que mon texte, tout en traduisant ma position, visait à informer le lecteur de l’existence de votre ouvrage sans aucunement questionner son intérêt ou ses qualités intrinsèques.

Luc-Laurent Salvador pour l’association EDUCAPSY

Publié le 28 avril 2016 dans le Journal de l'Île de la Réunion, p 2

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